L épopée de la famille UGUET en Algérie

Racontée par Claudine Uguet.


Les Habitants des Iles Baléares, vivant de l'agriculture, sur une terre aride, peu fertile étant ainsi dans la pauvreté, voire dans la misère, malgré l'apport des produits de la mer, en nombre envisagèrent d'émigrer en Algérie, après la conquête de ce pays par les Français, en profitant des escales des bateaux de commerce, de ces derniers, à Palma de Mallorque.

Les Autorités Espagnoles, de ces Iles étant inquiètes, devant l'évasion, l'hémorragie de leurs compatriotes, vers cette terre promise et prometteuse, arrêtèrent de leur délivrer des Visas de sortie à volonté, inconditionnels à destination de l'Algérie. Uguet Sébastien, un Grand Oncle, avec quelques compagnons d'infortune, avides de tenter l'aventure, résolurent de passer outre, partirent de leur rivage, sur une embarcation robuste, néanmoins inadaptée, périlleuse, mais en marins insulaires, expérimentés dans la contrebande avec les Français et Corses, naviguèrent pendant quelques jours, sans doute en longeant d'assez loin les côtes espagnoles et arrivèrent en Algérie, vraisemblablement vers l'an 1885.

Sébastien et ses compagnons, acquirent des terrains incultes, broussailleux, caillouteux à 30 Km d'Alger, sur le littoral, à Zéealda ,qu'on appelait le Plateau et s'installèrent tant bien que mal, non loin des installations des soldats Français.

Ces Mallorcains, bourrus, rudes, durs à la tâche, extrêmement déterminés, énergiques, on les appelait péjorativement " les foumats " ou fermiers " s'entraidant, au prix d'efforts bien fatiguants, accomplirent de défricher, de déblayer, d'irriguer ce Plateau et le rendre fertile.

Sébastien, s'organisa, se développa, progressa, gagna de l'argent et ensuite partit alors à Félanitx à Majorque, chercher sa femme Isabelle, assurée des perspectives avantageuses, assez rassurée par la proximité des militaires, afin qu'elle vienne l'aider et le soutenir, dans son exploitation, pour davantage et mieux prospérer.

Sébastien, continua donc à travailler, à trimer sur sa terre pendant que sa femme lavait, raccommodait, repassait le linge des soldats, confectionnait du pain mallorcain et des gâteaux qu'elle leur vendait " dans un grand panier en osier " et également sur les marchés.

Sébastien et ses compagnons, ainsi que d'autres Mallorcains ou Mahonnais, les Cols, Mari, Oliver, Mercadal, grâce à leur âpreté au travail et au gain, à leur absence de sentimentalité, le cœur sec peut-être le secret de leurs réussites, mais aussi à leur sens des affaires, à leur perspicacité, à leur entendement, devinrent également très riches.

S&bastien et Isabelle, eurent trois enfants Jean Jeanne et Isabelle dite Bélette, puis firent construire une très grande maison, agrandirent leur exploitation en achetant plusieurs hectares du Plateau et devinrent propriétaires de plusieurs boulangeries et d'un cinéma à Alger

Sébastien, fit alors venir ses frères, pour leur donner du travail, dans ses propriétés, et les fit travailler durement, mais leur assura une existence meilleure qu'aux îles Baléares. Devant l'accroissement de sa richesse on ne les affublait plus du surnom de " foumats " mais on les appelait désormais " Uguet les riches ".

Uguet Nicolas, le jeune frère de Sébastien, vint à son tour vers l'an 1885, travailler dans ces propriétés, avec sa femme Marguerite et ses deux enfants Jeanne et Jean, et ils eurent ensuite en Algérie deux autres enfants Marguerite dite Margot et Sébastien.

Nicolas, était mon grand-père et Jean mon Père. Nicolas, ne fit pas fortune comme son frère aîné, mais néanmoins fut en mesure d'acheter une exploitation agricole et une maison à Douaouda Marine, village proche de Zéralda. Ses deux fils Jean et Sébastien devinrent boulangers suivant la tradition familiale des Baléares.

J'ai quelques souvenirs de mon grand-père, qui m'emmenait sur son char à bancs, tiré par un cheval, au Plateau, mais il ne me montra aucune marque d'attention ni de tendresse.

Quant à ma grand-mère, je ne l'ai pas connue, étant auparavant décédée. Jeanne, épousa Joseph Cano et s'installèrent comme boulangers à Zéralda.

Marguerite, Margot épousa Auguste Rippol, un petit colon et travaillèrent dans plusieurs exploitations, s'enrichirent, se ruinèrent à plusieurs reprises.

Marguerite à la mort de son mari, tenait une épicerie à Staouéli, près de Zéralda.

Jean, mon Père, épousa Isabelle F&rrando et fut employé comme ouvrier boulanger, dans la boulangerie de sa soeur Jeanne Cano et ils eurent deux enfants René et moi-même Claudine.

Jean, travailleur forcené, atteint d'une grande surdité, qui freina considérablement scolarité, l'empêcha de progresser, d'évoluer et de réussir dans la Vie.

Uguet Jean et Isabelle Férrando, par la suite, obtinrent une gérance de boulangerie à Douaouda Marine et empruntèrent de l'argent à Nicolas leur père, à un fort taux et se firent construire dans ce village, une petite v ü la, qui abrita notre enfance.

Uguet Rzné, épousa "Colette" Consuelo Escriva, eurent quatre enfants René Jacques dit Jacky, Gilles, nés à Boufarik, Thierry et Annie nés à Bordeaux. René, était employé comme civil, aux Ateliers de Réparation de l'armée de I'Air à Boufarik A.R.A.A.625.

Uguzt Claudine, épousa Raymond Cesses, eurent quatre enfants Christian, Brigitte Pierre, nés en Algérie et Michel, né à Villefranche de Lauragais. Raymond était fonctionnaire dans un établissement Public Algérien dépendant du Gouvernement Général de l'Algérie.

Avant, nos mariages, cet épisode de ma vie, fut plein de bien-être et de bonheur et il me e des souvenirs fabuleux et merveilleux.

Nous habitions, tout près de la mer, toute mon enfance et ma jeunesse, étaient entièrement liés aux plaisirs et aux joies de la plage.

Nous faisions, avec mon frère, des parties de pêche, au rocher plat, et de vieux pneus d' avions américains, nous servaient de radeaux et de tremplins.

Nous sortions en bande, avec les copains entassés dans des camions débâchés, pour aller aux fêtes de villages, et souvent, aux beaux jours, toute la bande se retrouvait avec plaisir sur la plage et c'étaient de grandes parties d'amusements et de rigolades.

Après, mon mariage, ce furent nos enfants, Christian, Brigitte et Pierre, qui profitèrent de la mer et eurent eux aussi des moments de plaisirs, de joies et de bonheur. C'était alors, l'époque bénie de l'insouciance, de la tranquillité et de la Paix.


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